Soustrais-toi aux addictions
Si il y a bien un sujet dont j’ai repoussé au plus possible mon introspection, c’est bien celui des addictions, en premier lieu parce que mes premiers lecteurs sont mes parents, et en deuxième lieu parce que mes parents pensent encore que je ne fume qu’une cigarette par jour et ça les horrifie déjà bien assez comme ça.
Géniteur, génitrice : promis le prochain article c’est pour vous expliquer à quel point je travaille bien et me nourris convenablement.
Pour celles et ceux qui restent, et Papa/Maman vous avez interdiction de me déshériter si vous êtes restés : je travaille bien certes, mais les foncedalles m’empêchent de pouvoir faire croire à qui que ce soit que ma nourriture est « convenable ».
Si vous suivez assidument ce blog, vous aviez déjà dû comprendre que j’ai pu tester quelques produits synthétiques. Notamment avec des titres comme :
Chose que vous savez certainement moins, c’est qu’en plus d’avoir été un sacré polytoxicomane, j’ai eu le statut d’addict, ou plus communément nommé : junkie.
J’ai aussi eu le statut du « plus beau de mes potes » par mon amie célibataire depuis bien trop longtemps, mais ça n’a strictement aucun rapport avec cet article.
Alors comment devient-on addict ? Et déjà, c’est quoi un addict ? Est-ce que c’est chouette d’être addict ?
Si vous n’avez pas la réponse par vous même à la dernière question, vos darons ont oublié de vous expliquer certaines choses.
Vocabulaire
Un addict, d’après le gros Robert, est une personne « dépendante à une drogue ».
Ok jusque là ça se tient, mais que veut dire « Dépendance » ? Le site Ameli.fr, et maintenant vous pourrez dire que vos impôts permettent aussi à faible mesure d’enrichir le contenu de ce blog, nous dit que « la dépendance se caractérise par un désir souvent puissant, voire compulsif, de consommer ou de pratiquer une activité. »
Bon, je ne veux pas vous spoiler, mais on va aussi s’ajouter aussi le terme « surdose », aussi dit « overdose ». ça peut nous être utile à un certain stade de lecture : » L’overdose, ou l’intoxication aiguë, est une prise, accidentelle ou non, d’une substance psychotrope susceptible de faire perdre conscience et d’être potentiellement mortelle. »
La partie chiante maintenant assimilée, je vais pouvoir faire ce que je fais le mieux : raconter ma vie sans personne pour me couper la parole.
Les Jeux-Vidéos en ligne
« Gniah gniah gniah, ça existe pas l’addiction aux jeux-vidéos, connards de réac’ de merde, gniah gniah gniah »
Déjà sachez que ce texte entre guillemet est purement fictif, et me permet juste d’introduire le fait que si, l’OMS a décidé qu’il en existait un trouble. Après que ce soit l’argument de votre daronne pour vous couper internet afin de stopper votre masturbation sur les R34 de Genshin Impact, c’est un autre problème qui n’est clairement pas le mien.
Si vous me suivez, vous savez déjà qu’au collège je n’avais pas beaucoup de pote, alors quand Internet est arrivé à la maison, c’était l’euphorie dans ma tête : j’allais pouvoir discuter avec des milliers d’inconnus qui ne savaient pas encore que j’étais ringard. (Alors que j’ai un blog en 2022, looooser)
Et envoyer « asv ? » sur la messagerie Caramail. Ouais, je vous fais un coup de vieux gratuit au passage. Et si vous n’avez pas la réf’, c’est que vous êtes probablement trop jeune pour vous droguer, sales délinquants.
Contre tout attente : je me suis fais des potes dans ce Metaverse des années 2000, uniquement constitué de texte et autres dessins géant de pénis en ASCII. De mon premier compte Dofus à mon clan sur Guild Wars, je me connectais tous les soirs afin de rejoindre les différents groupes constitués sur chacun de ces jeux. Perso, je ne me sentais pas forcément addict à quoi que ce soit.
Mes parents n’étaient clairement pas de cette avis, et après moult vols de souris/clavier/écran, ont fini par cadenasser la porte permettant d’accéder au St-Graal qu’était mon ordinateur.
Un enfant normal aurait juste pleurniché, râlé et fait la gueule. Un enfant addict aura en plus de ça :
Passé des heures à se constituer un stock de souris/clavier/écran de remplacement pour quand les parents se barrent avec
Appris pendant beaucoup trop longtemps pour que ce soit un souvenir heureux, comment crocheter une serrure à l’aide d’un trombone et d’un stylo
Explosé la porte à coups de pieds
On se rappelle de ce que dit la définition « un désir compulsif de pratiquer une activité « . Et je pense que mon pied qui traverse une porte juste pour tuer 3 pigeons dans un jeu en ligne, rentre dans le caractère « compulsif » de l’addiction.
Ok, déjà addict à 14 ans, ça ne va clairement pas aller en s’améliorant. Mais au moins, je m’étais fait une bande de pote comme moi à travers la France. Traîner avec des pédophiles c’est le truc le plus millénial de ma génération.
L’alcool
Je ne pense clairement pas avoir un problème avec l’alcool, pour la simple raison que je rate ma bouche à partir du deuxième verre de vin.
Si j’avais su que mon manque de coordination motrice allait m’être utile un jour, j’aurais pété les coudes à tous les participants des alcooliques anonymes.
Mais bon, soyons honnêtes : à la fin de mes études, quand la question « C’était quand le dernier jour où tu n’as pas bu une seule goutte d’alcool ? » a été posée, j’étais incapable de savoir quand.
C’est ça qui est vicieux avec l’addiction : on ne se rend pas compte que nous le sommes, et on se compare toujours avec « Celui qui a un problème ». C’est un comportement plutôt normal, quand ta promo est constituée majoritairement de mecs hurlant des chants obscènes en faisant l’hélicobite dans les bars de Lille : le problème c’est eux, pas nous, nous on ne fait que vomir au milieu de notre salon en plein black-out, t’inquiète Maman (de toute façon tu es censée avoir quittée ce blog depuis l’intro).
C’est une phrase que mon entourage m’a entendu répéter encore et encore, et ce n’est que le début d’accord d’accord : « Ce n’est pas l’alcool que j’aime, c’est le fait d’être bourré. ». Saoul, j’ai un milliard d’histoire à raconter, de gens à rencontrer, de soirées à organiser. Saoul, je n’avais plus honte du ringard que j’étais au lycée à n’avoir jamais testé les soirées alcoolisées.
Sans me rendre compte que les ringards, 15 ans plus tard, sont ceux qui n’ont pas su arrêter.
La cigarette
Quelle merde ça aussi, à l’heure où j’écris ce billet, j’en suis à une quinzaine de tentative d’arrêt entre le moment où j’ai décidé d’écrire et maintenant.
Les mauvaises langues diront « Mais il y a du tabac dans les pétards » mais je n’ai pas encore écrit ce paragraphe donc pour le moment, non, ça fait bien plusieurs jours que je n’ai pas eu de nicotine, espèce de chipoteur.
Et quel enfer, au moins l’avantage de toutes les autres drogues, c’est d’avoir un effet un peu rigolo genre…. euh…. N’avoir aucune honte à faire l’hélico-bite en publique ?
La clope, ça te file juste une haleine post-Auschwitz et un cancer : SU-PER.
Qu’est-ce qui m’a pris de commencer à fumer ? J’ai évité ce bâtonnet du diable jusqu’à mon bac, j’étais même le connard qui faisait la blague de Jésus et du tabac. Si vous ne la connaissez pas, vous ne ratez qu’un adolescent qui vous prend votre clope des mains, la brise en deux devant vos yeux, en hurlant « JESUS IL NE FUMAIT PAS, BANDE D’ACCRO »
Rah la belle époque. Je faisais même des contrats avec mes potes pour leur interdire de fumer plus de 3 clopes par jour.

Sauf qu’un jour est apparu la « Campagne BDE ». Un évènement pour étudiant alcoolique désireux de montrer au reste de son école que son pénis était probablement plus massif que la moyenne.
Pour gagner ce genre d’évènement, il nous aura fallu tuber plus de 2 200 cigarettes pour les offrir gracieusement aux étudiants : les cigarettiers du monde entier me serrent encore la main pour cette altruisme, avec du recul c’est possible que des gens aient maintenant un cancer du poumon grâce à moi, c’est le genre d’épiphanies que j’aurais voulu éviter.
Dire que j’ai commencé à fumer pendant cette campagne serait pure hypocrisie de ma part. Depuis mes 18 ans, je piquais une clope par-ci par-là à mes potes parce que « Ouais, je ne suis pas vraiment fumeur », je refusais d’apprendre à rouler parce que « Ouais, je ne fume jamais seul de toute façon » : j’étais ce pote gratteur.
D’ailleurs si vous voulez être un vrai pote, ne rien filer à un gratteur est la meilleure chose que vous décideriez de lui faire, même si on ne s’en rend compte qu’une décennie plus tard.
Fin’ bref, la campagne BDE a été le moment où je me suis considéré fumeur et tout ce que ça implique : cassez les couilles aux non-fumeurs pour manger en terrasse malgré les 4 degrés extérieurs.
Papa, Maman, je vous ai cassé les gonades pendant 10 ans pour que vous arrêtiez de me cracher votre fumée dans la gueule pendant mon enfance. Mais quand j’ai commencé à vivre sans vous, ça me permettait d’avoir un peu de votre présence dans l’odeur de mes rideaux…
Ne me jugez pas, je tente les disquettes parentales, j’ai VRAIMENT besoin de cet héritage.
De toute façon, si vous êtes encore là, on va commencer à rentrer dans l’illégal et j’espère sincèrement que vous êtes partis.
Cocaïne
Papa, Maman, malgré le titre de ce paragraphe, vous allez être fiers de moi : je ne me suis jamais senti accro à cette petit poudre blanche.
Pour une raison assez simple, que vous pouvez deviner en suivant la ligne directrice de cet article : j’ai fini addict à chaque substance qui m’ont permises de rencontrer des gens extraordinaires. Avec ça en tête, quel est le putain d’intérêt de payer 60 balles son gramme d’une poudre qui te rend :
Complétement con
Imbus de toi-même
Parfois violent
La cocaïne, c’est vraiment la drogue dont je n’ai jamais compris l’intérêt, au même niveau que la clope en plus chère. J’ai un pote qui a monté une asso humanitaire, qui après quelques traces, devient le plus gros soutien de la famille Lepen. Cette drogue rend con, mais pas le côté rigolo de con, genre vraiment con.
Genre from « Mister Renaud » to « Connard de virus » con. L’alcool a au moins l’avantage de prendre un demi-siècle pour te fondre le cerveau. La coke : 15 secondes.
T’ajoute à ça le fait que ça inhibe l’alcool, et t’as vraiment la pire escroquerie planétaire. Bien joué Pablo, t’as réussi à vendre un truc inutile à des millions de personnes qui en redemandent.
Je hais le marketing.
Toutes les autres lettres de l’alphabet
Alors, on repère le schéma ?
Fumer des clopes pour sociabiliser, jouer aux jeux en ligne pour rencontrer des personnes avec le même centre d’intérêt, boire des shots pour avoir des histoires à raconter, enchaîner les festivals pour se fondre dans un milieu où les gens avaient l’air de nous accepter sans soucis. Ne croyez pas que c’est ma seule introspection qui m’a permis d’identifier un pattern, mais bien les 700 boules que j’ai craché chez un psy quand j’ai ENFIN remarqué que j’étais addict.
Mais comment repérer que nous le sommes ?
Quand je suis arrivé à Paris, j’étais solo. Malgré mes 4 colocs, je n’avais pas ce sentiment d’appartenance comme n’importe quel humain qui reste bloqué au 3è étage de la pyramide de Maslow.
Jusqu’au jour où j’ai rencontré cette bande, dont je vous ai déjà parlé. Et je n’ai AUCUN regret de les avoir rencontré : humainement, c’étaient ces gens là dont j’avais besoin à ce moment précis.
Tous les week-ends, nous allions en soirée. Tous les week-ends, je prenais un quart d’ecstasy : à mes yeux, je n’étais pas addict.
Puis un demi, à mes yeux je n’étais pas addict.
Puis un entier, à mes yeux, je n’étais pas addict.
Puis plusieurs, à mes yeux, je n’étais pas addict, juste accoutumé.
Puis plusieurs, couplé avec de la 3MMC, de la 2CB, et autres acronymes flippants : si même les dealers n’ont plus le time de donner un nom à leurs produits, c’est qu’il y a anguille sous roche. Ou 17 anguilles, qui ressemblent à des petits lutins vu les bad trips que je me mangeais. Mais à mes yeux j’abusais un peu, mais j’arrêterai quand je voudrai, à mes yeux, je n’étais pas addict.
Toujours, toujours plus. Tout mon entourage le fait, je suis même le plus calme de tout le reste de la bande : si quelque chose doit arriver, ça sera certainement l’un d’eux, et pas moi.
Jusqu’au jour où je m’écroule dans une forêt pendant une teuf, uniquement réveillé quelques heures plus tard par des mecs qui se demandaient si ils pouvaient me prendre le joint de la main. Frigorifié, je me traîne seul jusqu’à la Croix-Rouge. On m’annonce que j’étais proche de l’hypothermie, et que tomber dans les pommes à cause de produit, c’est ce qu’on appelle une overdose.
Le mot est posé, moi, le petit Kori qui voulait juste se faire des copains, ai vécu une overdose.
Les seules overdoses que je connaissais, c’était celle dans Tarantino ou Narcos, pas celles dans les boîtes mi-underground mi-hype de la jeunesse Parisienne.

Reflet Acide
Mais est-ce que j’aurais pu m’apercevoir de ce qu’il était en train d’arriver ? Autrement qu’en écoutant les autres évidemment, j’avais beaucoup trop d’égo pour entendre quelqu’un me dire « Tu as un problème avec la drogue »
En prenant du recul, oui, il y avait des MILLIERS d’indices, comme :
Prendre un ecsta un Lundi soir en terrasse d’un bar.
Acheter un sachet de 100 pilules tout en pensant full premier degrés « Nan mais tranqs ça fera ma conso personnelle »
Tes potes t’appellent quand ils veulent toper
T’as la flemme d’aller en soirée si personne n’a de consos pour toi
Les TikToks que l’algorithme me propose sont tous des sketchs liés à la drogue
Je rigole aux sketchs sur la drogue comme un ado « Hihi c’est trop ça, regarde M., c’est trop nous les mâchoires carrées hihi »
TU PERDS 4 DENTS
Ouais ouais ouais, j’ai perdu 4 dents, au réveil un lendemain de teuf : bruxisme + acidité des pilules ça coûte 2500 boules. D’un coup les sketchs sur les mâchoires carrés me faisaient moins rire, et j’ai toujours une demi-tonne de chewing-gum chez moi.
Quand ma copine m’a quitté, est-ce que je me suis remis en question ? Naaan.
Quand je préférais aller solo en soirée pour taper plutôt que rejoindre mes potes à un dîner, est-ce que j’y ai repensé 2 fois ? Quelle belle ironie, commencer pour me faire des amis, finir par les perdre.
Réduction des risques
Si vous ne savez pas ce qu’est la RDR, il s’agit des règles à suivre si tu veux pas finir totalement défoncé, et complétement canné.
Ça, c’est ce que j’aurai voulu savoir dès le collège.
Non pas pour me taper des grosses traces en salle de permanence, mais parce que je suis un sale con qui n’aime pas les ordres.
Toute ma vie, dans mon collège/lycée privée, on m’a rabâché : « La drogue c’mal, m’voyez ». Faut pas en toucher, sinon tu meurs dans d’atroces souffrances, 7 ans de mauvais sexe et Jésus ne t’ouvrira pas le Paradis.
Alors que s’est il passé quand j’ai avalé ce premier cachet, et que tout ce que j’ai reçu ce n’est qu’amour, paradis artificiel et un raz-de-marée de sérotonine ?
Et bien, j’ai juste remis en question toute mon éducation en me disant « Rah les cons, ils abusent, c’est hyper drôle en fait »
Ne soyons pas hypocrite : se sentir saoul, être euphorique, avoir une montée de sérotonine même artificielle, c’est quelque chose de kiffant.
Ne plus voir la vie autrement que sous le spectre d’un produit, risquer sa vie pour assouvir une dépendance, voir des proches mourir à cause d’elle : hyper moins. Ouais je défonce des portes ouvertes. C’est le seul truc que je peux encore défoncer sans retomber dedans.
Tomber dans une addiction, c’est compliqué d’expliquer ça à un gosse.
Mais dites lui qu’à ses 30 ans, il ne pourra pas créer un évènement Facebook « 30 ans et encore toutes mes dents ! »
Ça lui foutra suffisamment le seum pour qu’il ne touche plus jamais à aucune de ces merdes.
Kori