Cela va maintenant faire un an et quart que je n'ai rien posté sur ce blog.
Pour être honnête, c'est également la durée pendant laquelle je n'ai pas écrit une ligne.
Enfin, pas une ligne si on fait abstraction des commentaires Reddit dans lesquels je raconte ma vie de façon anonyme afin d'obtenir l'approbation d'inconnus sur Internet, c'est totalement différent de ce que je fais ici Hum hum
Il y a une question qui revient régulièrement depuis toutes les années d'existence de ce carnet pas-si-intime, quand mon entourage m'en parle : pourquoi ?
Pourquoi passer du temps à écrire sur tes problèmes plutôt que d'aller en thérapie ? Pourquoi passer du temps à écrire sur ton entourage plutôt que de le passer avec eux ? Bref, pourquoi écris-tu ?
Et même si absolument personne ne m'a jamais posé cette question, ce n'était qu'une habile manière d'introduire le sujet tout en camouflant mon inadaptabilité sociale, je me dois d'y répondre. Pas que je me trouve tellement intéressant que je me dois de vous le partager, même si ma psy me dirait le contraire, mais revenez un paragraphe en arrière et vous comprendrez que cette psy n'existe pas : je vais y répondre principalement pour moi-même, vous n'êtes que des dégâts collatéraux de cette joute rhétorique entre mon ego et moi-même.
VOUS DIVERTIR
Ma toute première expérience dans l'écriture, et comme nombreux d'entre nous, a été le devoir de Français à "rendre pour Lundi 9h" alors que l'énoncé a été fourni le Vendredi à 17h30.
Je ne comprends toujours pas comment nous n'avons jamais monté un syndicat au collège, aujourd'hui le premier collègue qui me fait ça se prend un blâme.
Cette rédaction donnée par Mme.Flamand, probablement morte aujourd'hui vu son âge à l'époque m’a permis de rencontrer mon premier échec : j'ai eu 3/20. Incapable de ne pas faire de hors-sujet sur un thème aussi important que "Qu'est-ce que tu aimerais être plus tard ?"
Apparemment juste "Rien foutre avec aucun problème d'argent" n'était pas une réponse valide pour cette Mme.Flamand, qui malgré son statut de professeure, devait être de Droite. Et ça expliquerait également toute nos tentatives échouées de nous syndiquer à l'époque.
Mais j'avais découvert ce sentiment : écrire n'importe quoi pour le montrer aux copains dans la cour de l'école, c'était un sentiment fabuleux : I NEEDED MORE, et voici certainement la première preuve de ma personnalité d’addict.
C'est ainsi que j'ai rejoins les différents journaux de mon parcours scolaire, dont celui du Lycée, suite à la lecture d'un de leurs articles.
Avec du recul, c’est également ce journal qui m’a radicalisé.
Et j'ai continué, encore et encore, à rejoindre chaque rédaction qui croisait ma route, pour écrire des articles clairement moins personnels, certainement plus problématiques, dont je ne suis pas à chaque fois fier : surtout quand on les relit avec 15 ans de recul, j’ai longuement hésité à mettre mon premier article ici mais cette horreur restera enfermé dans ce journal estudiantin.
Cette sensation apparaissait pour chaque itération : dès que mes doigts se posent sur un clavier, le temps passe sans que je m'en rende compte. Au début, on se compare à ce que font les autres, leur style, leur tournure de phrase et leur culture. Avec le temps, on n’en a plus rien à foutre de l’approbation des autres. Les autres, ils lisent autant de la littérature élitiste que la trilogie Twilight, donc bon.
Une des choses je recherche quand j'enchaîne les lettres entre-elles, c'est de savoir que j'ai pu tuer 5 minutes de votre temps pendant que vous attendiez votre bus, et si le moindre sentiment pointe le bout de son nez et se lit sur votre visage : c'est la consécration.
LAISSER UNE TRACE DANS CE MONDE
Qu’est-ce qui adviendra de moi si personne ne se rappelle que j’ai existé, et comment faire en sorte qu’on se rappelle de moi ?
C’est une question que de nombreuses personnes se sont posées, et pour citer Tryo, et oui je vais citer Tryo de manière extrêmement sérieuse : “Laisser une trace de son passage chez les humains, il doit en rester un sur dix milles qui envisage un autre destin”
Des personnes qui envisagent ce destin, j’en ai rencontré des plâtrés, et venant d’un milieu bourgeois le profil est souvent identique : monter sa boîte puis au choix devenir le nouveau Steve Jobs, ou la revendre pour commencer à investir et avoir un héritage pour que nos descendants se souviennent de nous.
Un tour sur Linkedin m’a suffit pour haïr ces personnes et m’éloigner rapidement de cette piste pour la postérité intemporelle. Et ma non-envie de progéniture coupe court à toute tentative de transmission de mémoire à travers mes gènes.
Me lancer en politique ? Ceux qui restent dans les annales on soit fait des trucs absolument horrible, soit meurent prématurément. Ayant la gigantesque flemme de mourir autrement que de vieillesse, l’abandon fût instantané.
Il y a ceux qui se sont engagés pour une cause noble, mais pour le moment je ne fais partie d’aucune minorité, et vit dans un pays en relative paix : je ne vais pas commencer à me plaindre d’avoir une vie de privilégié, on a déjà bien assez d’un Beigbeder.
Ou la piste artistique : faire une œuvre si universelle qu’elle sera exposée pour des siècles durant dans les musées. Ou chez un milliardaire souhaitant faire de l’évasion fiscale dans les port-francs, au choix.
Mais moi, qu’est-ce que je sais faire ? Ecrire ? J’ai beau me palucher sur mes propres textes, j’ai encore suffisamment de clairvoyance pour m’apercevoir que je me rapproche plus du niveau d’une fan-fiction furry que d’un Tolkien.
Pourtant, il existe une écrivaine qui a fait tout comme moi : Anne Franck. Un simple cahier et sa propre histoire accouchée sur du papier, et la voilà partie pour la postérité.
Voilà mon plan, aussi simple que naturel. Avec la résurgence des Nazis américains, les Russes qui poussent comme d’hab’ à l’Est et mon extrême-gauchisme. Certes je mourrai prématurément et avec un triangle rouge en lieu et place d’une étoile jaune, mais mon rêve serait comblé : il y a encore une chance de devenir écrivain pour la postérité.
Et mon journal serait vachement plus drôle à lire.
NE PAS OUBLIER
Rester dans les mémoires, est-ce si important à mes yeux ? Si il y a bien une chose qui me terrifie, c’est la perte de MA mémoire.
Entre Alzheimer et Parkinson, je choisis Parkinson. Comme dirait Gérard avant de se faire embarquer pour une énième agression sur mineure “Vaut mieux renverser un peu de son verre plutôt qu’oublier de le boire”.
Je suis terrorisé d’oublier les expériences qui ont forgé qui je suis aujourd’hui, oublier qui j’étais et finir comme tous ces vieux réactionnaires qui crachent leur bile sur la jeunesse d’aujourd’hui, en omettant comment ils étaient à leur âge.
Si les photos permettent de sauvegarder dans le futur à quoi notre physique ressemblait dans le passé, l’écriture permet quand à elle de sauvegarder notre façon de penser à travers le temps. Si il est parfois honteux de revoir nos bouilles 20 ans en arrière, je peux vous affirmer que c’est encore plus douloureux de relire les posts qu’on a pu écrire à 14 ans.
Mon dieu que j’étais attardé étant ado, mais mon dieu que les ados sont attardés. Cependant, me rappeler mon propre retard de maturité me permet d’être plus indulgent quand je vois les “jeunes d’aujourd’hui” : je défie quiconque se moquant des utilisateurs de Tiktok de publier son Skyblog, et oser dire qu’on était mieux avant.
Mes billets de blog sont en soit des capsules temporelles pour mon moi de 60ans : sache Papi-moi que je fais en sorte que tu sois déjà à la retraite, et si ce n’est pas le cas, j’espère que toi t’es toujours dans le cortège de tête.
Le héros de Memento aurait mieux fait de faire un blog plutôt qu’écrire des conneries sur sa peau.
Si il ne devait y avoir qu’une personne qui apprécie ce que j’écris, c’est principalement moi : de toute façon les autres, ils lisent autant Tolkien que Rowling.
Kori