Couilles à l’air
Pour m’éviter tout problème, car j’aime me créer des problèmes uniquement pour le plaisir de mes 5 lecteurs alors que je n’écris plus qu’un billet tous les ans en moyenne. Bonjour à vous d’ailleurs, j’espère que vous allez bien depuis l’temps.
Pour m’éviter tout problème donc, voici une mention légale qu’on voit partout mais dont la valeur législative doit être égale à « Copie/colle ce texte sur ton mur sinon Facebook va être payant »
« Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé serait purement fortuite«
Car cela sera extrêmement fortuit que le personnage principal ait vécu une vie similaire à la mienne, coïncidence rigolote que le lieu où se passe l’action est identique à mon ancien taff’, et concours de circonstances impromptues que je cite mes anciens collègues.
C’est dingue le hasard parfois.
Oui, mes 5 fidèles lecteurs, je vais vous raconter ce qu’il s’est passé après le suspense intenable dont je vous ai laissé croupir à la fin de ma carrière de consultant.
Vous vous souvenez ? Le costard, les semaines de 20h et le salaire indécent ? Et bien oubliez tout cela, car j’avais rejoins le monde merveilleux du « Développement & Design Web E-Commerce dans une agence Parisienne »
I – L’entretien
Décembre 2017, ma lettre de démission pour mon cabinet de conseil envoyée, je me sentais enfin libre. Ma décision était prise : un an à Paname, c’est rigolo, un an avec des Parisiens, vachement moins. Il me fallait revivre dans l’Ch’Nord, me rappeler que rien ne vaudra jamais plus que 250 grammes de Cheddar fondu dans de la bière, et surtout, de la bière.
Mais voilà que mon téléphone sonne, d’une personne que j’avais perdu de vue il y a quelques années dans un état lamentable dans les rues de Lille en train de suivre son propre vomi pour retracer sa route.
« Eyh Kori ! Tu chercherais pas du boulot par hasard ? »
Cette phrase, méfiez-vous en. Toujours. Si c’est le taff qui vient vous chercher, et non l’inverse, c’est que le poste à remplacer a eu des bonnes raisons de s’enfuir. Mais que voulez-vous, ça ne faisait qu’un an que j’étais à la Capitale, je n’avais pas encore bien appris à tout refuser en étant spécialement désagréable.
« – Je ne sais pas par quel maléfice tu peux savoir ça, je viens de démissionner à l’instant, donc oui.
– Ça te dit de passer à l’agence ce soir pour un premier entretien ? Rien de formel mais histoire que tu vois ce qu’on a à proposer »
En vrai, pourquoi pas ? Je n’aimais pas Paris parce que je bossais à Montreuil, mais c’est comme les gens qui pensent que Lille est remplie d’incompétents agresseurs sexuels alors qu’ils ne connaissent que la Mairie de Tourcoing.
19h45, 20e arrondissement, j’arrive donc devant la porte de cette petite agence web. Et oui, pour un mec qui sort des bâtiments IT de la Banque Nationale Montreuil, les locaux claquent.
Pour ceux qui ne savent pas, les grosses entreprises partent généralement du principe que l’IT, c’est des geeks asociaux, donc ils vous refilent les pire locaux de toute la société. Alors, ils n’ont pas forcément tort sur le « Geeks asociaux », mais nous aussi on aime bien la lumière du jour… Généralement.
A l’entrée, une belle statue d’un Phénix, et je dis ça pour éviter de dire « Licorne » : la véritable mascotte de mon ancien job, mais n’oublions pas que nous sommes dans une fiction là, suivez un peu, merde. Les salles de réunion ont des noms de la pop-culture tels que « Tarantino » ou « Einstein » avec la déco adéquate : petite affiche de film ou tableau périodiques des éléments affichés sur les murs, et la meilleure de toute « Cassius » avec le baby-foot et le canapé « Pour dormir au rythme de tes pauses »
Vous les sentez les red flags ? Pas moi. Déjà parce que je découvre en écrivant cet article qu’utiliser le dead name de Muhammad Ali en hommage est considéré comme extrêmement islamophobe, et qu’en plus le Baby-Foot était un Carrefour Bon Plan, et rien que ça aurait dû faire fuir n’importe quel pilier de bar.
Mais je m’égare, je m’égare, je fais des procès d’intention sur des personnages que j’invente, c’est quand même un drôle d’acte manqué de ma part.
L’entretien est à 19h30, en pleine période des fêtes, un Vendredi, l’agence est encore pleine. Les employés, tous avec 25 ans de moins que mes anciens collègues de la Banque Nationale, marchent vite, rigolent ensemble et lancent dès « A l’année prochaine » suivi d’un « Oui oui, je t’envoie le compte-rendu ce week-end mais là je vais rater mon train hihi ^^ »
Vous les sentez les red flags ? Toujours pas moi, le boulot doit être dingue si on continue d’y penser même à Noël, devant la cheminée, pendant que le reste de la famille ouvre ses cadeaux.
Après 30 minutes d’attente à regarder ce fabuleux spectacle qui me changeait grandement des boomers de la Banque qui disparaissaient systématiquement après 15h le Vendredi, le boss de l’Agence arrive, et sans aucun second degrés, sans me moquer d’une quelconque sexualité, imaginez un quadragénaire qui aurait vieilli de toutes les meilleurs façons possible. Comme si le tirage au sort génétique était en réalité un grand Loto, et que ce mec avait tiré le jackpot.
Et vous savez tous les biais que ça peut impliquer d’être en face de quelqu’un de charismatique ? Les gens ne sont que trop rarement au courant. On raconte que certains candidats acceptent de baisser de plus de 10% leur salaire pour un poste sous sa direction, voir de faire une croix sur les avantages des conventions collectives parce que « Nous ici, on fait au cas par cas, si tu travailles bien pas de raison que tu sois traité différemment, et puis ici on s’entraide comme dans une famille »
Ils avaient beau agiter l’intégralité des drapeaux rouges de la planète, j’étais juste un taureau aveugle face à son aura.
Etait-ce un test pour vérifier à quel point j’étais candide ? Si c’était le cas, je l’ai passé haut-la-main.
Il suffit qu’il clôture son entretien par un « Et si on te prend, ne remet plus jamais les pieds ici avec ce costard, tu mets mal à l’aise tout le monde »
C’était la phrase qui enfonçait le clou et déclencha une pluie d’étoiles dans mes yeux : cela faisait un an que je manquais de me pendre, généralement par accident, en nouant cette cravate de merde et on me dit que ça ne sera plus la peine ? Il fallait que je signe.
4 ans plus tard, je me dis qu’il aurait fallu que j’ai des standards un poil plus élevé quand même.
II – TeamBuilding
Après un mois dans l’agence, sans avoir signé de contrat parce que « Ah oui, faut que je te fasse ça, j’en édite un dès que j’ai du temps qui se libère » avec son grand sourire envoûtant et ses yeux captivants, j’eus le temps de remarquer que du haut de mes 25 ans, j’étais plus vieux que 80% de l’entreprise.
Red flag dites-vous ? Que vous êtes mauvaises langues, ils laissent leur chance aux alternants qui ont des postes à responsabilité et sur lesquels on ment sur leur statut aux clients pour les facturer le même prix qu’un CDI. Et pour le contrat, il a juste pas le temps. C’est pas un red flag ça, c’est du Business. Foutus gauchistes.
Pendant ce mois donc, j’étais formé par un mec de mon âge pour ne reprendre qu’une partie de son taff’. Ce mec, une crème, pouvait parler d’anarchisme et de Grand Soir pendant des heures entières, ponctuées de calembours qualitatifs. Il était là depuis 6 ans, et si un mec me raconte des histoires de drapeaux rouges et de drapeaux noirs, il aurait eu le temps de les voir, hein, ces red flags.
Echec & mat’ les trotskistes, il était mon garant de la bienveillance dans cette agence : il n’est pas concevable qu’un militant puisse traîner dans un lieu toxique. Pour dire, il y est resté 6 ans tout en étant sous-payé. Si ça c’est pas un indicateur de bonheur au travail, je ne vois pas ce qu’il vous faut de plus.
Il y avait aussi cette autre Lilloise, avec qui le lien s’est automatiquement noué, vu que nous sommes théoriquement frère et soeur pour l’intégralité des habitants de la Capitale. Avec notre héritage culturel des Corons, ça nous faisait marrer de chanter l’Internationale à midi et de lui offrir un drapeau syndical à accrocher au-dessus de son bureau. Drapeau qui a été immédiatement arraché par notre patron, avec son sourire fascinant, sous prétexte que « ça pouvait nous faire rater des signatures importantes, les clients pourraient penser qu’on puisse faire grève »
Censurer un syndicat, c’est un Red flag vous dites ? Oui, le drapeau de la CGT est rouge effectivement, mais le milieu du développement web est ultra concurrentiel et ça aurait été dommage de supprimer des postes parce qu’on ne signe pas de projets, juste à cause d’une blague. Business is business, mais ça les gens qui votent Poutou ne le comprennent pas.
Il y avait aussi cette graphiste, avec qui je me suis tout de suite bien entendue. On squattait toutes nos pauses clopes ensemble à fumer nos roulées comme les zadistes qu’on était. Proches au point que notre boss m’a convoqué pour me dire « Tu sais Kori, je ne trouve pas ça très professionnel de draguer au travail ».
Oh oh oh, arrêtez avec vos red flags ! C’est vrai, si la relation tourne mal, c’est les projets qui sont impactés. Mais les gens pensent que c’est la bienveillance, l’amitié et le respect qui vont payer les factures ? Pas étonnant que le pays aille si mal.
III – I’m on the Blue Pill,
Voilà un an que je suis à l’Agence, et je ne me suis jamais autant amusé au travail. Oui c’est dur, oui je suis moins bien payé qu’avant, oui j’ai moins de jours de congés qu’avant, mais est-ce que perdre tout ça ne vaut pas le kiff’ que j’y gagne ?
Les collègues sont cools, ont fait des apéros le Jeudi, quelques rabats-joie ne veulent pas y venir prétextant qu’ils avaient autre chose à faire, mais créer du lien c’est hyper important. Les managers nous invitent le week-end pour des barbecues, enfin uniquement ceux qui veulent faire avancer l’agence, on va pas ralentir les discussions par des jérémiades de quelques branleurs.
D’ailleurs, on commence à faire des séminaires, toujours le week-end évidemment, sinon compliqué d’expliquer à nos clients qu’on en branle pas une autour d’une piscine. C’est un peu dommage parce que je rate l’anniversaire d’un bon pote de promo, mais bon, je le vois une fois par mois, mes collègues 8h par jour, c’est important que les liens aux bureaux soient solides pour que les projets avancent bien.
On a enfin des objectifs, un de mes principaux : co-opter des profils intéressants.
Bon pour le moment pas de prime à la clef, mais c’est déjà un bon début.
Ni une ni deux, je fais ce que j’ai toujours détesté. Mais cette fois-ci, c’est de bon coeur… je crois ? : faire un post Linkedin rempli de coups de langue sur anus pour attirer des gens aussi charismatiques que notre team. Et c’est ainsi que mon parrain de promo nous a rejoint, le mec le plus gentil de la planète, le plus humain et le plus à l’écoute.
Je n’avais plus trop le temps de traîner avec lui avant, mais ça sera un plaisir de pouvoir de nouveau sortir ensemble aux afterwork, et aux séminaires. Tout se passe nickel, un peu stressé mais c’est Paris qui veut ça, et c’est toujours mieux que de crever d’ennui dans un poste planqué à une heure de RER.
Ma vie n’a pas trop changé, je vais toujours en festival, aux bars ou au musée (oui, au singulier). Plus forcément avec mes ami.e.s « historiques », mais avec les nouveaux que je me suis fait en chemin.
Mes collègues quoi.
Et puis, pour chaque fête de fin d’année, notre patron veut encore plus nous souder les uns aux autres, on a le droit à la panoplie de goodies à l’effigie de l’agence : chaussettes, stylo, carnet, pull, blazer, mugs et le meilleur en temps de pandémie, un masque ! Histoire de bien pouvoir flex dans les transports en commun, le télé-travail empêchant de s’assurer du lien social entre les équipes, la Direction y est forcément opposée.
C’est ça, le management par l’humain. S’assurer que l’animal social que nous sommes ait sa dose de collègues croisés dans la journée.
IV – Burnout
Après les fêtes, une nouvelle année commence, un nouveau projet aussi : refaire le site de Gonzague&Rousseau, une marque de fringues assez prestigieuse, dans le sens « pète plus haut que son cul » de « prestigieux ».
Mon patron m’annonce fièrement qu’au vu de mon travail, j’étais celui qui s’occuperait de ce compte, et que pour la peine, il m’offrait une prime exceptionnelle de 1 000e.
Et encore aujourd’hui, je n’ai jamais vu une meilleure utilisation du terme « pour la peine ».
Evidemment que j’ai accepté avec plaisir, évidemment aussi que je n’ai pas gardé ça pour moi : l’interêt d’avoir des liens forts entre collègues, c’est de pouvoir se parler de tout, sinon on pourrait croire que c’est uniquement dans l’interêt de la Direction qui peut utiliser l’argument du « Tu peux rester un peu plus longtemps ce soir ? X/Y/Z a besoin d’aide ». Et ça, je refuse d’y croire, vu à quel point ils sont bienveillants.
« – Vous avez eu combien pour votre prime ? » annonçais-je innocemment à midi à mes collègues
« – De quoi tu parles Kori ? Ici les primes au mieux on te file un pull, au pire des chaussettes, mais à aucun moment on te file un chèque. » me répond ma collègue Lilloise, de 2 ans plus ancienne que moi dans la boîte, et à mes yeux la plus compétente des chefs de projet, poste correspondant au mien. « Il y a anguille sous Code du Travail, si tu veux mon avis. »
Et son avis, je ne le voulais pas. Etait-elle jalouse de ma prime ? De ma sélection pour ce projet ? Ou avait-elle juste déjà lu le cahier des charges ?
Car c’est à la réception de celui-ci que je compris instantanément ce qu’il allait m’arriver : un projet sous-évalué, vendu sous mensonge au client, et avec une deadline intenable venait de me tomber dans les bras.
Le prix de ma santé mentale valait 1000 balles pour ma Direction.
Et vous savez ce qu’il se passe quand vous prenez conscience que vous n’allez jamais y arriver ? Votre cerveau tente de vous sortir de là, vous pousse à votre propre survie : il vous dirige vers votre manager et lui-explique que le projet est juste irréalisable, en essayant au mieux de se cacher de la culpabilité de la prime déjà dépensée. Et quand votre manager vous répond « Si nous avons vendu le projet comme ça, c’est qu’on savait que tu étais derrière, d’où la prime. Ne t’inquiète pas. »
Alors je ne me suis pas inquiété.
Pas inquiété quand j’ai dû mentir sur les plannings au client pour rentrer dans le cahier des charges.
Pas inquiété quand j’ai dû mentir sur la disponibilité intermittente du lead dev’, car c’était un alternant qui était une semaine sur 2 en cours.
Pas inquiété quand j’ai dû mettre en place un ersatz de process inexistant à l’agence, pour faire croire au client que « Si si, on est Agile »
Pas inquiété quand je devais voler des ressources à mes collègues, les mettant eux-aussi dans la panade.
Pas inquiété quand mon manager a demandé à mes équipes de travailler gratuitement les week-ends.
Pas inquiété quand je faisais mes premières crises d’angoisses, et pleurer en pleine réunion.
Pas inquiété quand je m’imaginais, sur mes trajets domicile-boulot, me prendre un bus et finir dans le coma, juste le temps nécessaire pour que ce foutu projet finisse.
Pas inquiété qu’il envoie à mes équipes « Ne passez plus par Kori concernant ce projet, merci de ne rien lui dire. »
Je ne me suis pas inquiété, mais mes collègues oui. Parce que si il y a bien une chose que cette boîte infernale a su créer, c’est ce lien quasi indestructible entre partenaires de peine.
Ils se sont suffisamment inquiétés pour que notre boss me propose de venir discuter avec lui de ce qu’il se passait. Accompagné de mon manager. C’était. La. Discussion. La. Plus. Lunaire. Existante.
Entre l’un qui check sa montre quand je dis qu’il m’arrive d’avoir des pensées suicidaires, et mon patron qui termine l’échange par un « Il faudrait que tu essaies de venir plus tôt à l’agence, tu verras l’ambiance est plus calme et tu auras plus de temps dans ta journée pour abattre le travail » avant de remonter dans sa Subaru.
What the fuck did just happen ?
Au moins, cette discussion a eu l’effet escompté : mettre fin à mon burn-out. Je me haïssais de m’être mis dans des états pareils pour des mecs qui n’en avaient strictement rien à foutre de moi. Mais c’était trop tard pour eux, le filtre qu’ils avaient réussi à me mettre dans les yeux avec leur « Ambiance familiale », « on est plus que des collègues, on est des vrais potes » « P’tit baby ? » venait de sauter.
V – Team Bad Mood
La « Team Bad Mood », c’est le mignon sobriquet que la Direction nous avait donné. « Nous », c’est les collègues dont l’emprise malsaine de l’agence ne fonctionnait plus. Pour rentrer dans l’équipe ? Rien de plus simple, il suffisait de faire comprendre à la Direction que nous avions lu la Convention Collective.
Il ne fallait pas grand-chose pour les faire paniquer.
Nous étions ceux qui disaient « Non », quand ils ont fait un avenant pour augmenter notre nombre d’heures, mais pas notre rémunération.
Nous étions ceux qui disaient « Non », quand ils ont proposé de nous offrir des RTT au prorata du salaire qu’on était prêt à se faire retirer. Tout en maintenant une politique d’interdiction de congés sans solde.
Oui, ils ont osé.
Nous étions ceux qui ne répondaient pas aux Managers qui demandaient qu’on crache sur le dos d’un collègue, afin qu’ils aient assez d’arguments pour le virer.
« Vous créez une atmosphère anxiogène, c’est à cause de votre comportement qu’on n’a plus la même ambiance qu’avant » ai-je pu déjà entendre. L’inversion des valeurs, se positionner en victime, la dernière arme des pervers narcissiques.
Et vous savez ce qui me dégoûte le plus ? C’est que pendant un moment que je trouve déjà trop long, j’ai approuvé ce système.
J’ai approuvé de faire des heures supp’ pour aider un collègue que j’aimais bien, en crachant sur ceux qui ne faisaient « que » leurs horaires.
J’ai rigolé à leurs blagues sexistes/racistes/de classe, pour me faire bien voir par eux, voire même, j’en ai fait de moi-même pour paraître pour un « cool kid » de l’agence. Et je me déteste pour ça.
Si ils m’ont bien appris une chose : vos supérieurs ne seront jamais vos potes. Point final.
Ils peuvent être de bons managers, peuvent être humains, sociaux, gentils, empathiques, mais ne pourront JAMAIS être vos potes, car ils y aura toujours un mec au dessus de lui qui lui demandera d’avoir « Une vision entreprise, plutôt qu’une vision centrée sur ton équipe »
VI – La fuite
Savez-vous comment on fuit une telle emprise mentale ? En jouant à leur propre jeu.
J’ai demandé une augmentation, on m’a dit non, j’ai menacé de démissionner : on me l’a donné.
J’ai demandé une mutation à Lille, on m’a dit non, j’ai menacé de démissionner : on me l’a donné.
On m’a dit « Tu ne pourras pas continuellement menacer de démissionner pour avoir ce que tu veux », j’ai répondu « Alors comment faire vu qu’on a pas d’objectifs, pas de plan de carrière, et pas de managers compétents ? ».
Ne dites clairement jamais cette phrase, sauf si vous en avez réellement plus rien à foutre de l’endroit dans lequel vous bossez.
Parce qu’au jeu du plus con, celui qui a le plus de pouvoir gagnera forcément. Et le move de me foutre au milieu de l’open-space, sur une table solo, avec l’écran tourné vers la fenêtre du bureau du Boss… Smart move, move d’enculé, mais smart move.
J’ai donc demandé ma mutation, je l’ai eu. J’avais besoin d’un CDI pour trouver un appartement facilement. Une fois le bail signé, j’ai démissionné sans aucun remord, et pour seul regret d’abandonner d’autres collègues qui étaient encore totalement matrixés.
J’pense à vous parfois, j’espère que vous allez bien.
VII – Conclusion
Cette expérience a eu pas mal d’impacts sur ma vision du travail, à la moindre suspicion, je screen et j’enregistre tout ce qui pourrait me servir aux Prud’Hommes. Dans le cas contraire, c’est toujours assez efficace pour négocier des avantages supplémentaires.
Aussi, ma vision colorimétrique a augmenté de plusieurs points : je suis maintenant capable de distinguer plusieurs centaines de nuances de rouge.
J’ai mis énormément de temps à reprendre un travail quelque part, et aujourd’hui, moins je passe de temps dans un bureau, mieux je me sens.
J’ai réussi à négocier un boulot en full télétravail. Ainsi, le seul collègue qui pourrait me casser les couilles, c’est ma copine qui décide de poser un jour de repos.
Kori