Bande de p*tes
Je sais bien que nous sommes en 2022, les travailleuses du sexe ne sont plus une insulte universelle. Les bambins en CM1 préfèrent se lancer dans un Onlyfan que de devenir policier, certainement parce qu’ils ont un ami noir qu’ils ne souhaitent pas tabasser à mort.
Ça peut se comprendre.
De toute façon, Il n’y a plus de jeunesse, on ne peut plus rien dire, c’était quand même vachement plus drôle quand on pétait les doigts des enfants dyslexiques à l’école pour leur apprendre à écrire.
Alors pourquoi, d’un coup, me décider d’écrire sur les p*tes ? Pas que je sois proxénète, ou alors je ne me suis entouré que des pires gagneuses. Nan, j’aime faire des titres TDSaclicks dans l’unique intérêt d’attirer une foule prête à me cancelle, histoire de faire gonfler mes stats, apprécier la sérotine qu’envoie mon cerveau à chaque incrémentation du compteur de visites pour ensuite révéler la supercherie :
Je n’y connais rien à la prostitution.
Alors pourquoi en parler ? Parce que, bande de pervers et perverses, je ne comptais pas le faire. Non, aujourd’hui, parlons plutôt d’une chose que j’appréhende encore malgré mes 29 années sur cette planète : mes potes, ou ceux dont je pense qu’ils le sont. Et l’inverse aussi, et ceux dont je pensais qu’on l’était pas mais en fait si. Et puis ceux qui étaient tes potes mais vu qu’ils ont baisé ta meuf il s’est avéré que pas trop non.
J’y connais rien aux potes non plus.
Faut qu’on soit pote, qu’on en ait l’air
Mais commençons par étape, autant le secteur de l’audiovisuel nous a noyé durant notre jeunesse des codes de l’Amour tels que :
Une rencontre fortuite sera toujours une belle rencontre
l’Amour ça transcende tout
On a des petits papillons dans le ventre
T’as grave envie de la* baiser
*Evidemment, uniquement si votre attirance sexuelle est envers le genre féminin, soyons pas con, baisez des gens qui vous plaisent.
Ce qui nous a permis de concevoir le principe de l’attirance romantique par nous-même, et d’avoir les armes pour l’accepter quand elle se présente à toi, comme :
Tu la croises en soirée
Tu ne vois qu’elle*
T’arrives pas à lui dire les choses que t’aimerais lui dire pour pas passer pour un con
Tu as une gigantesque érection*
=> Il y a de forte chance que tu sois en train de tomber amoureux.
Ou que tu sois un harceleur sexuel.
Mais restons sur le fait que tu sois juste amoureux car tu gardes l’information que ton corps caverneux se gonfle uniquement pour toi.
*Evidemment, si vous êtes du genre féminin et hétéro, faut changer les mots dans ma phrase pour que ça fonctionne. Ici c’est mon blog, je parle des choses que je connais. Et une fille qui est excitée en ma présence est encore un évènement trop rare pour que je puisse le décrire.
Voilà, on voit tous grosso-merdo comment on tombe amoureux selon Hollywood. Parce que, SURPRISE, des gens se rendent compte que cette représentation n’est qu’un fantasme d’une industrie qui nous a inceptionné ces clichés dans notre crâne. Alors parfois on a du mal à se positionner, puisque notre relation ne correspond pas aux standards dans lesquels on a grandi.
Alors imaginez le bordel pour l’Amitié, avec un grand A, où c’est juste la foire au n’importe quoi :
Naruto
Son meilleur pote va faire le djihad, fait un pacte avec un terroriste reconnu.
Toujours le pote de Naruto
Friends
10 ans à ne voir que les mêmes personnes dans le même appartement, tout le monde tombe amoureux de tout le monde.
Best friends in New-York
Les Petits Mouchoirs
Notre meilleur pote est dans le coma mais on le laisse crever à l’hosto pendant qu’on part tous en vacances.
« Ça arrive, notre amitié surpassera ça »
Vous avez l’idée, vous aussi amusez vous à identifier toutes les relations défaillantes romantisées dans ta série préférée.
Qu’est-ce qui fait que nous restons en bande ? Et que notre bande est saine pour nous ? Quels sont les critères ? J’en ai sincèrement aucune foutue idée.
I’m a party star, I’m popular
Je sais que ça peut paraître étrange de lire ça d’un mec qui a :
mais j’ai conscientisé que j’avais un grave problème avec les amitiés entre-mêlées qu’à mes 21 ans, lors d’un atelier de personnalité MBTA.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, voyez le comme un test Biba pour les cadres CSP+ : tu réponds à des questions, on te dit que tu es Inspirant avec un petit code énigmatique comme : ENFP-T. Bravo félicitations, tu vas pouvoir l’ajouter dans ta description Tinder, juste à côté de l’intégralité des drapeaux des pays que tu as visité, ton signe astro et ta maison Poudlard.
En quoi un test aussi pété que celui-ci a pu me mind-blown au point d’en chialer ?
Je ne l’ai pas fait sur Internet comme tous les auto-diag persuadés d’avoir un QI supérieur à l’intégralité de la planète grâce au site « QI-rapide.com », noyé sous 10 000 pop-ups.
Je l’ai fait avec une psychologue, qui m’a sorti cette phrase de but en blanc : « Les ENFP-T, vous avez tendances à être potes avec tout le monde, mais amis avec personne. »
Vous imaginez, vous, prendre ça dans la gueule, alors qu’en même temps vous scrolliez sur Facebook pour voir les photos de vos potes au parc d’attraction, sortie à laquelle vous n’étiez évidemment pas au courant (Mais votre copine si, apparemment), et qu’une aliéniste vous dit que vous aurez beau être populaire, ça ne fera que vous rapprocher de votre propre isolation ?
Et je ne parle pas de classe énergétique de mon appartement.
Un pour tous, et tous sans lui
Alors, je me suis posé cette question : pourquoi suis-je incapable de me sentir intégré dans un groupe ?
la réponse est assez simple : j’en ai épouvantablement peur. J’ai horriblement peur de l’impact d’un groupe sur mon propre individualisme.
Et comme toute peur, c’est irrationnel, c’est comme décider de ne plus jamais vouloir tenter une relation amoureuse car tu as peur de la rupture.Ou ne plus jamais approcher une école maternelle parce qu’un juge peut potentiellement t’attraper.
Non laissez tomber celle-ci, je me perds dans mes comparaisons.
Evidemment, cette peur n’est pas innée. Je sais parfaitement d’où elle vient, mais on va se la refaire chronologiquement :
Maternelle
Aucun problème, on joue à se balancer des cailloux sur la gueule, j’ai pas beaucoup de souvenir de cette période à part ce mec qui détruit mon jeu de Limbo à mon anniversaire. Ça n’a strictement aucun rapport avec cet article mais Hughes, je ne sais pas ce que tu deviens, mais sache que si tu me lis : tu me dois un jeu de Limbo.
Primaire
Pareillement, aucun trauma dans cette période. Si on exclut les fois où l’on me choisissait en dernier au foot, mais pas par harcèlement scolaire, par pur pragmatisme : j’étais le plus à chier de toute l’école.
Mais j’avais ma petite bande de copains, qui a rempli l’album photo de cette ère. La vie était chouette, avant que la testostérone frappe et que chacun commence à se comparer la taille de bite au vestiaire.
Collège
Here we fucking goes. Qu’est-ce qui est plus méchant qu’un petit garçon sous shoots d’hormones entouré de filles shootées aux hormones, et vice-versa ?
La réponse est certainement : « N’importe quel dictateur / meurtrier / psychopathe dans ce monde ». Mais pour la cohérence de cet article : rien.
Ou alors un enfant en pleine puberté dictateur & psychopathe.
Alors que toi, ta puberté tarde, t’as toujours ta gueule de pré-pubère et l’innocence d’un chien sous morphine : tu ne comprends rien à ce qu’il se passe. Tu ne saisis pas la raison de pourquoi tes potes de 6è commencent à te frapper en 4è, ni pourquoi tout le monde t’ignore quand tu veux parler.
La raison, je l’ai su bien plus tard : j’ai fait l’erreur d’être devenu pote avec leur meuf, et de ce fait j’étais devenu un rival potentiel.
A garder en tête qu’à cette époque, je n’avais même pas encore commencé à me masturber, que je prenais full premier degrés les cours d’éducation sexuelle et leur capote sur banane. Je m’en rends compte en l’écrivant à l’instant : si tu es en couple et tu te sens menacé par moi à cet âge, je n’imagine même pas le manque de confiance en toi que tu devais vivre.
Mes seuls potes à cet époque furent ce que j’appelle aujourd’hui « Mes potes d’Internet », mais j’en parlerai dans un billet complet.
Partez du principe qu’à tout moment j’aurais pu finir dans un groupuscule pédophile, mais au final ils étaient plutôt cools.
Et pas pédophiles.
Lycée
Le traumatisme bien en tête, voilà les impacts : personne n’est ton ami. Mais l’avantage qu’à eu le collège sur mon état d’esprit, c’est de m’avoir préparé mentalement à ces pourritures qui préfèrent expulser leur mal-être sur plus fragile qu’eux-mêmes.
Et c’est à ce moment que ma vision du « groupe d’ami » s’est consolidé : les populaires ne sont qu’une bande de connard qui tentent tous de se prouver des choses entre-eux ; les isolés ont juste peur de tomber sur ces gens toxiques.
Je me suis donc mis à traîner avec les parias, les fumeurs de pèt’ du Lycée, les dealers du quartier et les rappeurs en devenir. Je parlais avec ceux dont les autres, la fameuse « it crowd », ne voulaient pas. Tous mes potes n’étaient pas forcément potes entre eux, je leur parlais pas par altruisme, eux-mêmes faisaient partie d’autres groupes, mais principalement parce que la solitude c’est quand même bien la hess.
Mais à force, un groupe s’est créé, composé d’une myriade de personnes qui ne se croisaient qu’aux soirées que j’organisais : comme un revanche sur toutes les années où on ne m’invitait pas, c’est moi qui organiserait des soirées avec ceux qu’on ne voulait pas inviter.
De fil en anguille, je suis devenu populaire sans m’en rendre compte.
Etudes supérieures
Le « Sans m’en rendre compte » vous paraît hautain ? C’est parce qu’il est certainement : pour me protéger de ces années harcelées, je m’étais crée une personnalité sûre d’elle, à l’égo surdimensionné, protégée par des colères, de l’humour bancal à base de calambours (toujours visible dans la majorité des titres de ce blog), blagues clivantes et de la violence verbale à quiconque tenterait de prendre le dessus.
Bref, j’étais devenu la même sorte de pourriture que je fuyais, en gardant une seule chose en tête : utiliser ça pour que les gens se parlent entre eux, et ne pas laisser une bande dicter leur bon vouloir.
L’apothéose fût quand ces mêmes personnes décidèrent que j’étais fait pour être le visage de leur BDE.
Moi, le petit mec racketté et harcelé au collège, obtenait le titre superficiel auquel il s’attendait le moins, comme un graal de la popularité, avec pour seul modjo « Si personne ne veut l’invitait, c’est qu’il doit l’être ».
Vie active
Ça a continué en arrivant sur Paris, où, incapable de me décider qui devait être aux soirées, a fini par générer des évènements qui pouvaient atteindre la centaine de personne entassée dans le salon. Des personnes avec qui j’avais pu juste croiser le regard dans un fumoir aléatoire d’une boîte, ou sur les strapontins du métro, quand ce n’était pas des filles d’applis de rencontre que je n’avais pas réussi à chopper, mais que j’invitais quand même.
Je grattais l’amitié même sur Tinder, j’étais devenu un pro.
Mes colocs sont devenus ma bande de pote, de Lille à Paris, au point d’en décider que dans la hiérarchie des liens amicaux, seuls ces gens là-comptaient : si tu ne peux pas fuir ma présence, je t’obligerais à m’aimer, fils de p*te.
Alors vous imaginez la réouverture du trauma, quand quelques années plus tard, je découvre qu’ils complotaient contre moi parce que ma meuf n’était pas à leur goût ? Attendant que je parte pour organiser des Secret Santa ou des bouffes, pour ne pas m’y inclure, sans jamais m’en parler ?
Douce ironie, j’étais harcelé parce qu’on pensait que je draguais la meuf des autres, maintenant parce que la mienne ne les drague pas. La paranoïa est de retour : personne n’est ton ami.
Don’t you know that you’re toxic ?
Vous vous doutez bien qu’avec un tel mantra, je me fais passer pour une victime depuis 11642 caractères, mais j’étais le pire pote pour tous ceux qui m’avaient accepté tel que je l’étais, vu que je ne me considérais pas comme un des leurs.
C’est des personnes que j’apprécie, tout en étant dans l’attente du premier coup de flics dans le dos. J’attendais qu’ils soient à mon écoute, alors que je l’étais à peine pour eux. A toujours faire la petite vanne que faisais de moi le side-kick rigolo de votre vie.
Sauf que dans l’intégralité des films, PERSONNE n’aime le side-kick rigolo.
Bref, j’étais toxique à souhait : dès que j’avais un doute sur l’honnêteté des gens qui m’entouraient, je fuyais. Si vous avez déjà était témoin d’un de mes ragequits de conversation, maintenant vous savez pourquoi.
Quand j’ai fui Paris pour rejoindre ma ville de cœur j’y ai pu y retrouver beaucoup de connaissances, qui pendant mes 4 ans à la capitale, se sont construit leur bande de potes sur place. Chacun d’eux m’ont tendu la main pour que je la rejoigne, mais j’en suis strictement incapable : vous me donnerez tous plus que je suis capable de vous rendre.
Par contre, à tous ceux là, qui m’ont dit de rejoindre leur soirée « t’inquiète si tu connais personne, tu verras ils sont cools », qui m’ont invité à leur week-end d’anniversaire malgré le « bon normalement c’est que la bande du lycée, mais si tu fais rien ce week-end greffe toi » et autre « Viens en terrasse avec nous, je suis sûr.e que tu t’entendras bien avec ma bande »
Sachez que chacune de ces intentions sont gravées dans ma mémoire, que le confinement n’a pas aidé cette paranoïa et que vous êtes bien trop nombreux pour que je vous envoie tous un message personnel. Quand on vieillit, on commence à prendre sérieusement ces phrases clichés sur des posters motivants : « On ne dit jamais assez aux gens qu’on apprécie, que nous les apprécions »
Si vous avez déjà trinqué avec moi, si vous avez déjà rigolé à une de mes blagues, si vous avez écouté mes déboires amoureux, ou à plus faible mesure, mes victoires amoureuses. Si vous avez partagé mon loyer, un repas ou même une mission de bénévolat. Si vous m’avez hébergé quand j’étais de passage dans votre ville sans hésiter, si vous avez planté une bougie pour mon anniversaire ou m’avez laissé vomir dans vos toilettes sans vous plaindre.
Si vous avez partagé qu’un seul moment avec moi qui était chouette, sachez que c’était réciproque. Et je ferai en sorte qu’à partir de cette trentième année sur notre petite boule bleue, je vous rende tous ce que vous m’avez apporté sans que je m’en rende compte.
Je ne ghoste jamais personne, j’oublie juste que vous êtes là. Je suis assez con pour souffrir de solitude tout en étant entouré.
Parce que la solitude, c’est la hess. Et je n’ai jamais vraiment compris la définition exacte de ce mot.
Kori